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seconde patrie.

n’aurait pas dû commettre, pour peu qu’il eût l’instinct d’un marin.

C’est au second, Robert Borupt, et à nul autre que lui qu’en revenait la responsabilité. Sous l’action du petit hunier, orienté mal à propos, le bâtiment engagea davantage, et un énorme paquet de mer embarqua par le couronnement.

« Ce maudit Borupt veut donc nous faire chavirer !… s’écria Harry Gould.

– Il a fait tout ce qu’il fallait pour cela ! » répondit le bosseman en essayant de mettre la barre à tribord.

Le capitaine se précipita sur le pont et se porta jusqu’à l’avant, au risque d’être déhalé par les lames et, après mille efforts, il atteignit le gaillard.

« À votre cabine, cria-t-il d’une voix courroucée au second, à votre cabine et n’en sortez plus ! »

La faute de Robert Borupt était si évidente qu’aucun des gens de l’équipage, prêts à se ranger autour de lui s’il leur en eût donné l’ordre, n’osa élever la voix. Le second obéit sans protester et regagna la dunette.

Tout ce qu’il était possible de faire, Harry Gould le fit alors. Par une juste orientation de ce que le Flag pouvait porter de toile, il parvint à le redresser, sans avoir été contraint d’abattre la mâture, et le navire ne présenta plus son travers à la houle.