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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/67

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seconde patrie.

ses compagnons tentèrent de recouvrer leur liberté en forçant le panneau. Ce panneau était surveillé jour et nuit, et, d’ailleurs, en cas qu’ils fussent parvenus à le soulever, à maîtriser leurs gardiens, à monter sur le pont, quelles chances avaient-ils contre cet équipage, et quel traitement leur eût infligé Robert Borupt ?…

« Le misérable !… le misérable !… répétait Fritz en songeant à sa femme, à Suzan, à Doll…

– Oui… le plus abominable des coquins, répétait John Block, et s’il n’est pas pendu un jour ou l’autre, c’est qu’il n’y aurait plus de justice en ce monde ! »

Mais pour punir les rebelles, pour appliquer à leur chef le châtiment qu’il méritait, il eût fallu qu’un bâtiment de guerre se fût emparé du Flag. Or Robert Borupt ne commit pas la faute de le diriger vers des parages fréquentés, où ses complices et lui auraient couru le risque d’être poursuivis. Il devait l’avoir rejeté hors de son itinéraire, préférablement dans l’est, de manière à s’éloigner aussi bien des côtes d’Afrique que des côtes de l’Australie. Et chaque jour ajoutait cinquante, soixante lieues à la distance qui séparait le Flag du méridien de la Nouvelle-Suisse ! Harry Gould et le bosseman pouvaient reconnaître à la bande que donnait le navire, toujours incliné sur bâbord, qu’il marchait à grande vitesse. Les craquements qui se produisaient à l’emplanture des mâts indiquaient que le second forçait de toile. Lorsque