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Page:Verne - Seconde Patrie - II (1900).djvu/98

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seconde patrie.

gens à nous contenter d’une soupe au lichen ou de galets à la coque, et nous vous promettons un bon plat de résistance. »

Le temps était assez beau. Quelques rayons de soleil filtraient à travers les nuages de l’est.

Fritz, François, James et le bosseman suivirent ensemble le bord de la grève sur le sable humide de la dernière marée.

Plus haut, à une dizaine de pieds, se dessinait le zigzag des algues déposées le long de ce rivage dont la pente était assez prononcée. Ces algues appartenaient à la famille des goémons ou varechs pour la plupart, mêlés de laminaires rougeâtres festonnées à leur pointe, et aussi de longs fucus filiformes, avec ces grappes de raisins dont les gros grains éclatent sous le pied.

Il est de ces fucus qui contiennent un peu de substance nutritive. Aussi John Block de s’écrier :

« Mais ça se mange… quand on n’a pas autre chose !… Dans mon pays, dans les ports de la mer d’Irlande, on en fait des confitures. »

Après trois ou quatre cents pas en cette direction, Fritz et ses compagnons atteignirent le pied du contrefort de l’ouest. Formé de blocs énormes à surfaces lisses, taillé à pic, il s’enfonçait droit sous ces eaux claires à peine troublées d’un léger ressac, et qui laissaient apercevoir sa base à sept ou huit toises de profondeur.