– Je viens de la part de votre frère Joël.
– Joël ?… Et pourquoi ? » répliqua dame Hansen.
Elle s’avança vers la porte, de ce pas lent et mesuré qui caractérise la marche des habitants de la Norvège. Qu’il y ait du vif-argent dans les veines de leur sol, soit ! mais dans les veines de leur corps, peu ou point.
Cependant cette réponse avait évidemment causé quelque émotion à la mère, car elle se hâta de dire :
« Il n’est rien arrivé à mon fils ?
– Si !… Il est arrivé une lettre que le courrier de Christiania avait apportée de Drammen…
– Une lettre qui vient de Drammen ? dit vivement dame Hansen en baissant la voix.
– Je ne sais pas, répondit le jeune gars. Tout ce que je sais, c’est que Joël ne peut revenir avant demain et qu’il m’a envoyé ici pour vous apporter cette lettre.
– C’est donc pressé ?
– Il paraît.
– Donne, dit dame Hansen, d’un ton qui dénotait une assez vive inquiétude.
– La voici, bien propre et pas chiffonnée. Seulement cette lettre n’est pas pour vous. »
Dame Hansen sembla respirer plus à l’aise.
« Et pour qui ? demanda-t-elle.
– Pour votre fille.
– Pour moi ! dit Hulda. C’est une lettre de Ole, j’en suis sûre, une lettre qui sera venue par Christiania ! Mon frère n’aura pas voulu me la faire attendre ! »
Hulda avait pris la lettre, et, après s’être éclairée du chandelier, qui avait été déposé sur la table, elle regardait l’adresse.
« Oui !… C’est de lui !… C’est bien de lui !… Puisse-t-il m’annoncer que le Viken va revenir ! »
Pendant ce temps, dame Hansen disait au jeune gars :