confier à ses enfants ? Quel amour-propre mal entendu l’empêchait de leur dire le motif de ses inquiétudes ? Avait-elle quelque reproche à se faire ? Et, d’autre part, pourquoi cette pression qu’elle voulait exercer sur sa fille, à propos du billet de Ole Kamp et de la valeur qu’il avait atteinte ? D’où venait qu’elle se montrait si avide d’en toucher le prix en argent ? Hulda et Joël allaient enfin l’apprendre.
Le 4 juillet, dans la matinée, Joël avait conduit sa sœur à la petite chapelle où Hulda allait prier chaque jour pour le naufragé.
Il l’attendait alors et la ramenait à la maison.
Ce jour-là, en revenant, tous deux aperçurent de loin, sous les arbres, dame Hansen qui marchait rapidement et se dirigeait vers l’auberge.
Elle n’était pas seule. Un homme l’accompagnait, un homme qui devait parler à voix haute, et dont les gestes semblaient être impérieux.
Hulda et son frère s’étaient soudain arrêtés.
« Quel est cet homme ? dit Joël.
Hulda fit quelques pas en avant.
– Je le reconnais, dit-elle.
– Tu le reconnais ?
– Oui ! C’est Sandgoïst !
– Sandgoïst, de Drammen, qui est déjà venu à la maison pendant mon absence ?…
– Oui !
– Et qui agissait en maître, comme s’il avait eu des droits… sur notre mère… sur nous, peut-être ?…
– Lui-même, frère, et, ces droits, il vient sans doute pour les exercer aujourd’hui…
– Quels droits ?… Ah !… cette fois je saurai ce que cet homme a la prétention de faire ici ! »
Joël se contint, non sans peine, et, suivi de sa sœur, il alla se mettre un peu à l’écart.
Quelques minutes après, dame Hansen et Sandgoïst arrivaient à la porte de l’auberge. Sandgoïst en franchissait le seuil — le premier. La porte se refer-