Page:Verne - Un billet de loterie - suivi de Frritt-Flacc, 1886.djvu/132

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
126
un billet de loterie.

mait sur dame Hansen et sur lui, et tous deux s’installaient dans la grande salle.

Joël et Hulda se rapprochèrent de la maison, où la voix grondante de Sandgoïst se faisait entendre. Ils s’arrêtèrent, ils écoutèrent. Dame Hansen parlait alors, mais en suppliante.

« Entrons ! » dit Joël.

Et tous deux, Hulda, le cœur oppressé, Joël, frémissant d’impatience, de colère aussi, entrèrent dans la grande salle, dont la porte fut soigneusement refermée.

Sandgoïst était assis dans le grand fauteuil. Il ne se dérangea même pas en apercevant le frère et la sœur. Il se contenta de tourner la tête et de les regarder par-dessus ses lunettes.

« Ah ! voici la charmante Hulda, si je ne me trompe ! » dit-il d’un ton qui déplut à Joël.

Dame Hansen était debout devant cet homme, dans une humble et craintive attitude. Mais elle se redressa soudain et parut très contrariée à la vue de ses enfants.

« Et voilà son frère, sans doute ? ajouta Sandgoïst.

– Oui, son frère, » répondit Joël.

Puis, s’avançant et s’arrêtant à deux pas du fauteuil :

« Qu’y a-t-il pour votre service ? » demanda-t-il.

Sandgoïst lui jeta un mauvais regard, et, de sa voix dure et méchante, sans se lever :

« Nous allons vous l’apprendre, jeune homme ! dit-il. En vérité, vous arrivez à propos ! J’avais hâte de vous voir, et, si votre sœur est raisonnable, nous finirons par nous entendre ! – Mais asseyez-vous donc, vous aussi, jeune fille ! »

Sandgoïst les invitait à s’asseoir, comme s’il eût été chez lui. Joël le lui fit observer.

« Ah ! ah ! Cela vous blesse ! Diable, voilà un gars qui n’a pas l’air commode !

– Pas commode, comme vous dites, répliqua Joël, et qui n’accepte les politesses que de ceux qui ont le droit de les lui faire !