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Page:Verne - Un capitaine de quinze ans, Hetzel, 1878.djvu/215

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HARRIS ET NEGORO

Negoro descendit aussitôt jusqu’au bas de la berge.

Des gouttelettes de sang tachaient quelques tiges de papyrus, et une longue traînée rouge se dessinait sur les cailloux du ruisseau.

« Enfin, ce maudit animal a son compte ! » s’écria Negoro.

Harris avait assisté, sans prononcer une parole, à toute cette scène.

« Ah çà ! Negoro, dit-il, il t’en voulait donc particulièrement, ce chien-là ?

— Il paraît, Harris, mais il ne m’en voudra plus !

— Et pourquoi te détestait-il si bien, camarade ?

— Oh ! une vieille affaire à régler entre lui et moi !

— Une vieille affaire ?… » répondit Harris.

Negoro n’en dit pas davantage, et Harris en conclut que le Portugais lui avait tu quelque aventure de son passé, mais il n’insista pas.

Quelques instants plus tard, tous deux, descendant le cours du ruisseau, se dirigeaient vers la Coanza, à travers la forêt.


CHAPITRE III

en marche.


L’Afrique ! Ce nom, si terrible dans les circonstances actuelles, ce nom qu’il fallait enfin substituer à celui d’Amérique, ne pouvait s’effacer un instant de la pensée de Dick Sand. Lorsque le jeune novice se reportait à quelques semaines en arrière, c’était pour se demander comment le Pilgrim avait fini par accoster ce dangereux rivage, comment il avait tourné le cap Horn et passé d’un océan à l’autre ! Certes, il s’expliquait maintenant pourquoi, malgré la rapide marche de son bâtiment, la terre s’était si tardivement montrée, puisque la longueur du parcours qu’il aurait eu à faire pour atteindre la côte américaine, avait été doublée à son insu !

« L’Afrique ! l’Afrique ! » répétait Dick Sand.

Puis, soudain, tandis qu’il évoquait avec une volonté tenace les incidents de cette inexplicable traversée, l’idée lui vint que sa boussole avait dû être faussée. Il se rappela, aussi, que le premier compas avait été brisé, que la ligne du loch