« Eh ! cousin Bénédict, demanda Mrs Weldon, vous continuez à vous bien porter ?
— Oui… cousine Weldon… je me porte bien, sans doute… mais il me tarde d’être à terre.
— Que cherchez-vous donc ainsi sous ce banc, monsieur Bénédict ? demanda le capitaine Hull.
– Des insectes, monsieur ! riposta cousin Bénédict. Que voulez-vous que je cherche, sinon des insectes ?
— Des insectes ! Ma foi, il faut en prendre votre parti, mais ce n’est pas en mer que vous enrichirez votre collection !
— Et pourquoi pas, monsieur ? Il n’est pas impossible de trouver à bord quelque échantillon de…
— Cousin Bénédict, dit Mrs Weldon, maudissez donc alors le capitaine Hull ! Son navire est si proprement tenu, que vous reviendriez bredouille de votre chasse ! »
Le capitaine Hull se mit à rire.
« Mistress Weldon exagère, répondit-il. Cependant, monsieur Bénédict, je crois que vous perdriez votre temps à fureter dans nos cabines.
— Eh, je le sais bien ! s’écria cousin Bénédict en haussant les épaules. J’ai eu beau faire !…
— Mais dans la cale du Pilgrim, reprit le capitaine Hull, peut-être trouveriez-vous quelques blattes, sujets peu intéressants d’ailleurs.
— Peu intéressants, ces orthoptères nocturnes qui ont encouru les malédictions de Virgile et d’Horace ! riposta cousin Bénédict en se redressant de toute sa taille. Peu intéressants, ces proches parents du « periplaneta orientalis » et du kakerlac américain, qui habitent…
— Qui infestent… dit le capitaine Hull.
— Qui règnent à bord… répliqua fièrement cousin Bénédict.
— Aimable royauté !…
— Eh ! vous n’êtes pas entomologiste, monsieur ?
— Jamais à mes dépens.
— Allons, cousin Bénédict, dit Mrs Weldon en souriant, ne nous souhaitez pas d’être dévorés par amour de la science !
— Je ne souhaite rien, cousine Weldon, répondit le fougueux entomologiste, si ce n’est de pouvoir ajouter à ma collection quelque rare sujet qui lui fasse honneur !
— N’êtes-vous donc pas satisfait des conquêtes que vous avez faites à la Nouvelle-Zélande ?