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AVENTURES DU CAPITAINE HATTERAS

tandis qu’Hatteras, en remontant à l’improviste par l’extrémité opposée, devait les rabattre sur eux.

Au bout d’une demi-heure, chacun avait gagné son poste.

« Vous ne vous opposez pas cette fois à ce qu’on reçoive ces quadrupèdes à coups de fusil ? dit Altamont.

— Non ! c’est de bonne guerre, » répondit le docteur, qui, malgré sa douceur naturelle, était chasseur au fond de l’âme.

Ils causaient ainsi, quand ils virent les bœufs musqués s’ébranler, Duk à leurs talons ; plus loin, Hatteras, poussant de grands cris, les chassait du côté du docteur et de l’Américain, qui s’élancèrent bientôt au-devant de cette magnifique proie.

Aussitôt, les bœufs s’arrêtèrent, et, moins effrayés de la vue d’un seul ennemi, ils revinrent sur Hatteras ; celui-ci les attendit de pied ferme, coucha en joue le plus rapproché des deux quadrupèdes, fit feu, sans que sa balle, frappant l’animal en plein front, parvînt à enrayer sa marche. Le second coup de fusil d’Hatteras ne produisit d’autre effet que de rendre ces bêtes furieuses ; elles se jetèrent sur le chasseur désarmé et le renversèrent en un instant.

« Il est perdu ! » s’écria le docteur.

Au moment où Clawbonny prononça ces paroles avec l’accent du désespoir, Altamont fit un pas en avant pour voler au secours d’Hatteras ; puis il s’arrêta, luttant contre lui-même et contre ses préjugés.

« Non ! s’écria-t-il, ce serait une lâcheté ! »

Il s’élança vers le théâtre du combat avec Clawbonny.

Son hésitation n’avait pas duré une demi-seconde.

Mais si le docteur vit ce qui se passait dans l’âme de l’Américain, Hatteras le comprit, lui qui se fût laissé tuer plutôt que d’implorer l’intervention de son rival. Toutefois, il eut à peine le temps de s’en rendre compte, car Altamont apparut près de lui.

Hatteras, renversé à terre, essayait de parer les coups de cornes et les coups de pieds des deux animaux ; mais il ne pouvait prolonger longtemps une pareille lutte.

Il allait inévitablement être mis en pièces, quand deux coups de feu retentirent ; Hatteras sentit les balles lui raser la tête.

« Hardi ! » s’écria Altamont, qui rejetant loin de lui son fusil déchargé, se précipita sur les animaux irrités.

L’un des bœufs, frappé au cœur, tomba foudroyé ; l’autre, au comble de la fureur, allait éventrer le malheureux capitaine lorsque Altamont, se présentant