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Page:Vernet - L Amour libre.djvu/11

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plus soutenir la loi monogamique. La monogamie c’est encore un genre de prostitution : prostitution de l’homme à la femme et de la femme à l’homme.

Il ne peut donc exister sur cette question de la vie sexuelle des individus qu’une seule loi et qu’une seule morale pour les deux sexes : la liberté absolue de l’amour.

L’union de la chair ne pouvant être régie par une règle unique, identique pour tous les individus, n’étant soumise à aucune loi déterminante immuable, ne doit point, par conséquent, créer de devoirs ni constituer de droits, si l’on veut conserver à l’amour son entière liberté.

N’est-ce pas du dernier illogisme le mot devoir lié au mot amour ? N’en sent-on pas déjà toute l’ironie dans cette phrase des livres de morale enfantine : « Le premier devoir d’un enfant, c’est d’aimer ses parents. »

Ne dit-on pas aussi dans la morale courante : « La mère doit aimer ses enfants ; La femme doit aimer son mari. »

Dérision que ces mots. L’amour, à quelque ordre qu’il appartienne, peut-il jamais être un devoir ? N’est-il point naturel que l’enfant aime la mère qui l’a élevé ; que la mère aime l’enfant qui lui a coûté des souffrances et des peines, et qui est un cher souvenir des tendres caresses reçues ? N’est-ce pas naturel encore que la femme aime le compagnon choisi, l’ami qui lui a fait sa vie de femme ? Si un enfant n’aime pas sa mère, si une mère n’aime pas ses enfants, si une femme n’aime point son compagnon, qu’y peut-on ? Rien. Toutes les sentences des Codes, toutes les déclamations morales et religieuses ne feront pas naître l’amour s’il n’est pas né naturellement.

De même qu’il ne peut créer de devoirs, l’amour ne peut faire naître de droits. Le droit du mari sur la femme, le droit de la femme sur le mari, c’est de l’oppression ; et l’oppression tue l’amour. L’esclave ne peut aimer son maître ; il ne peut que le craindre et chercher à lui plaire.

Le fait qu’une femme a aimé un homme et s’est donnée