Page:Vernet - La nouvelle équipe, 1930.pdf/58

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
52
LA NOUVELLE ÉQUIPE

liance Franco-Russe ne jouerait qu’en cas de conflit direct entre la France et l’Allemagne. Et ce n’est pas le cas.

— Certainement, c’est ce qu’on a toujours dit. Mais ce sont là des raisonnements simplistes, bons seulement à calmer l’inquiétude des foules. Je m’étonne que vous les ayez acceptés. Pour qui sait étudier les questions diplomatiques, il est certain qu’un traité n’a pas de clause unilatérale. Si la Russie s’engage à l’égard de la France, il est tout naturel qu’il y ait réciprocité, et que la France à son tour soit engagée à l’égard de la Russie.

— Mais on lui a donné de l’argent, à la Russie, fit remarquer Jeanne. Tous ces emprunts russes qui se sont succédés.

— Raison de plus pour ne pas lui manquer de parole au moment où elle a besoin de nous.

— De sorte que, sans que nous ayons eu de querelle spéciale avec l’Allemagne, nous allons cependant nous battre avec elle, pour soutenir le prétendu bon droit de la Serbie. Ah ! quelle belle chose que la diplomatie, vraiment, fit nerveusement Maurice.

— Évidemment, il y a des imprévus, concéda le général.

— Des imprévus, trop prévus peut-être. Mais je vous demande en quoi la question des Détroits, celles de Constantinople et de l’Albanie, nous intéressent, nous, en France ?

— Je vous l’accorde. Mais il y a là une affaire d’honneur. Nous sommes liés à la Russie par les traités.

Encore une fois Jeanne éclata :

— Et c’est pour des traités que nous ignorons qu’on va plonger notre pays dans la guerre.

Le général se fâcha.

— Jeanne, tais-toi, déclara-t-il. Tu ne connais rien aux affaires politiques. La France a engagé sa parole,