— Que faisons-nous ? demanda Maurice.
— Eh bien nous allons monter chez Éliane, où je dois retrouver Louise. Mais je voudrais passer à la Bataille Syndicaliste. On m’a dit que je pourrais y trouver encore Pierre Monatte.
— Allons, dit Maurice.
Puis :
— Ce matin, tu es allé à la C. G. T. ?
— Oui.
— Et alors ?
— Alors ! Ah mon pauvre ami, partout c’est la même chose, partout c’est le même refrain. Ce n’est pas nous qui attaquons. Si l’Allemagne déclare la guerre il faut marcher.
— Là aussi.
— Mais oui. J’ai même été témoin ce matin d’une scène émouvante. Un jeune terrassier de vingt-cinq ans à peu près était là, posant des questions, demandant pourquoi on ne faisait pas opposition à la guerre, ainsi que cela avait été maintes fois voté dans les assemblées générales et les congrès.
— Et alors ?
— Alors, comme tu peux le penser, les secrétaires présents étaient gênés. « Mais nous n’attaquons pas », ont-ils dit. « On ne nous attaque pas non plus, répondit le jeune gars, ça n’empêche pas qu’on nous fait partir ». « C’est une mesure préventive, lui répondit-on, la guerre est déclarée entre la Russie et l’Allemagne, nous devons nous attendre à tout ».
Léon s’arrêta.
— Il a raison, ce terrassier, observa Maurice, et puis après ?
— Après ? Ah ! je te jure Maurice qu’il était beau à voir, ce garçon-là. « Alors, déclara-t-il en s’animant, c’est comme ça que nous tenons nos promesses ? Nous avons toujours dit que les travailleurs n’avaient pas à