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CHAPITRE V

MESURE DE L'ESPACE PAR LE MOUVEMENT DES MEMRRES

^ ?.S. Chez un homme bien équilibré, on le sait, l'amplitude du pas ordi- naire est à très peu de chose près constante. A l'ensemble des mouvements nécessaires pour lever la jambe en la pliant et pour reposer le pied à terre, correspondent des sensations cinétiques complexes, mais précises et faciles à contrôler, grâce à l'habitude que nous en avons acquise dans l'apprentis- sage et l'exercice de la marche. Une fois le pied à terre, l'autre jambe repart à son tour sur le même rythme. Ce rythme devient instinctif et ma- chinal ; presque réflexe, il n'exige de notre part aucun effort d'attention ni de volonté : une fois l'ordre donné aux nerfs de faire recommencer une série déterminée de mouvements, la marche se poursuit sur le rvthme adopté, aussi mécaniquement que le tic tac d'une horloge, et la volonté n'intervient plus que pour l'arrêter. Si d'un coup de sabre bien tranciiant on décapite une poule qui se sauve, le corps sans tête continue sa marche (i).

î:^ 29. Si nous voulions régler à part et différemment chacun de nos pas. ce serait une dépense considérable et inutile d'énergie sous forme de voli- tion, d'attention et d'cllort musculaire. Voilà pourquoi, par simple écono- mie de force, nous adoptons pour notre allure un rythme déterminé. Ce rvthme ne peut être troublé, en dehors de l'action de la volonté, que par les émotions : elles suscitent dans la dépense d'énergie une augmentation ou une diminution d'intensité et de rapidité, qui entraîne en général dans notre pas un changement d'amplitude aussi bien qu'un changement (le vitesse. En dehors de ces troubles involontaires et des modilications v()h)ntaires, voulues ou consenties, l'amplitude du pas est donc constante

(i) C'est co que raconte l'un des Concourt, je ne nie rappelle plus où. Pendant le siètrc do Paris, il se décida, non sans peine, à tuer une poule qu'il élevait ; pour ne pas la faire souffrir, et aussi pour essayer le fil d'un sabre japonais, il la décapita de cette manière. — Il n'est donc pas nécessaire de faire intervenir la sensation dynamique : quand les jambes ont pris telle posi- tion, dont nous avons connaissance par le sens cinéti([uc, elles doivent exécuter tel mouvement, -et ainsi de suite.