Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/68

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dire dilliciles à percevoir cl tout an moins fatigantes pour notre attention par le retour précipité du temps marcjué : en pareil cas, nous avons générale- ment rccouis à l'alternance ternaire. La musique fournit une preuve de la justesse de ce raisonnement: tandis que les mesures à 2/4 et à 4/'l sont plus recherchées que les mesures :> 3//i, 6/4 et 9/4, il n'y a pas de mesures à 2/8 ni à 4/8, mais senlomeni des mesures à 3/8, 6/8. 9/8 et 12/8 (i). Le français, dont la prononciation est plus rapide que celle de l'allemand ou de l'anglais, favorise aussi bien davantage l'alternance ternaire (2). Binaire ou ternaire, l alternance de l'intensité sonore est si nécessaire à notre sens du rythme, que pour ne pas l'entendre là même où elle n'existe pas il nous faut un très grand efTort de volonté et d'attention réfléchie; encore ne pou- vons-nous V réussir que si la succession des sons est assez lente.

Nous créons même des rvthmes composés: d'ordinaire, nous groupons des percussions identiques et équidistantes Cjuatre par quatre, en renfor- çant subjectivement la première et un peu moins la troisième de chaque groupe (F f F f) ; assez souvent, huit par huit (JF f F fFf F f); plus rarement six par six(FfrFir ou Ff F fFf), neuf par neuf (F fF F fT F fT) et douze par douze(FflTfI"FffFfr)(3).

Si au lieu de percussions ou de sons égaux, nous avons une série où des sons longs alternent avec des sons brefs, ce sont les premiers que nous renforçons subjectivement. C'est que par leur durée et leur énergie totale ils attirent l'attention (4). De même les sons aigus, par leur acuité, dans un rvthme de hauteur ou de timbre. Quand il y a déjà dans les sons un rythme intensif, ce rythme s'impose au pouls de l'attention par l'intensité de la sensation auditive, au pouls de l'attention et par là même à tout l'orga- nisme phvsique et moral. Il s'impose d'autant plus impérieusement qu'il est plus énergique, c'est-à-dire que les temps marqués le sont davantage. Une fois le pouls de l'attention ainsi adapté au rvthme objectif, il nous sert à en mesurer les unités. Si même le temps marqué cesse parfois d'être

(1) Contrairement au spondùc, le pyrrhique n'est pas un pied (v. (Christ, Metrih, 2<= éd., §81).

(2) Il en était ainsi du grec par comparaison au latin. — Jl ne faut pas confondre l'allernancc a.\ccle genre du rvtiime: le trochée (-w) présente une alternance binaire, mais un genre ter- naire; le dactyle (-uv), une alternance ternaire et un crenre binaire. Quand je parle de rythme binaire ou ternaire, j'entends toujours le (jenre.

(3) C'est du moins ce cpic montrent les expériences raj^portées par les auteurs que j'ai cités p. 57 note 3. — D'après M. Bolton, la durée du groupe rythmique subjectif est réglée par « le pouls de l'attention, l'onde de l'attention », et le caractère binaire ou ternaire, simple ou composé en est déterminé par la rapidité avec laquelle se succèdent les percussions ; autrement dit, si nous représentons par des notes l'intervalle entre percussions successives, on a des mesures à 2/2, 4/4, 8/8, plus rarement à 3/4, 6/8, etc. ; 2/4 et 2/8 sont possibles mais fatiguent. L'alter- nance quinaire, avec temps marqué secondaire (3/8 H- 2/8 ou 2/8 + 3/8), peut être imposée par de légers renforcements objectifs ou même simplement suggérée. Le rythme dans la plupart des cas est décroissant (l"f et non fF, etc.) ; il ne faut pas oublier qu'il s'agit ici d'Américains.

(4) En pareil cas, d'après ^L Bolton, le rythme est croissant (fF et non Ff, etc.). Cp. note 3. V. llle Partie, § 9. C'est imiqucment, ou à peu près, par ime légère prolongation de la note que l'orgue et l'harmonium, comme autrefois le clavecin, peuvent signaler le son tort. — On sait qiic réciproquement, dans une série de percussions équidistantes, les plus intenses — même quand elles ne le sont ([ue subjcctiv(?ment — paraissent plus longues que les autres (v. p. 50. note i).