Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/70

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

6o i-A PEnr.r.pTioN m hytiime

tuccs plus longues qu'elles ne le sont en réalité. Mais quand la durée des éléments du rythme est fixée, comme dans la versification grecque, le sens rythmique de l'attention entre en jeu : instruit qu'il est par l'exercice, il permet de constater si le dessin rythmique, attendu après les premiers pieds ou le premier vers, est bien réalisé dans les suivants (i). Ici d'ailleurs, pas plus qu'au point de vue de la quantité, il ne s'agit de syllabes ordinaires, mais de l'intervalle de temps entre les sommets de sonorité, de la syllabe rythmique. L'attention a donc le même point de repère précis que dans la mesure des unités rythmiques (2).

§ 59. A tous les égards, le pouls adaptable de lattenlion explique la perception et à plus lorte raison la réalisation du rythme. 11 constitue vrai- ment ce que nous appelons sens du rythme. Par suite de nos hérédités dif- férentes, nous possédons chacun ce sens du rythme h des degrés différents. L'éducation, c'est-à-dire l'exercice, le développe et l'affine. Elle l'habitue, comme chez les Grecs, à noter des détails qui autrement lui échappe- raient (3).

§ 60. jNIais, quel que soit le degré de perfection qu'atteigne ce métro- nome intérieur, il n'est jamais ni absolument précis ni complètement fixe : il ne bat pas toujours exactement la mesure, il peut ralentir ou précipiter son rvthme. Ce sont là deux points distincts.

(i) 11 peut en être de même dans la diction artistique du vers anglais. Nous en verrons au moins un exemple certain dans la III'" Partie.

(2) Cette remarque s'applique aux temps de la mesure musicale et à leurs subdivisions. — Sur la perception du rythme composé, c'est-à-dire des unités composées et de leurs subdivisions, v. Wundt, Phys. Psych., III, p. 33, 94 et suiv., 160, etc.

(3) « In uersu quidem theatra tota exclamant, si fuit una syllaba breuior aut longior. jNec uero multitude pedcs nouit, nec ullos numéros tenet ; nec illud quod offendit, aut cur, aut in que offendat, intellegit » (Ciccron, Orator, Lï, 173). Ce passage prouve à la fois et la finesse du sens du rythme et la subconscience de son fonctionnement. -- Au contraire, la quantité échappe à un Anglais non prévenu dans la versification à la fois accentuelle et quantitative de certains vers de TciHivson (^Milton. Hcndccasyllabics, etc.).