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INSUFFISANCE DU SENS DU RYTHME 07

tions du sentiment agissent aussi spontanément sur le rythme musical et poé- tique, du moins en général, que sur le rythme de la marche. La gaieté, l'en- thousiasme, le désir, les passions vives entraînent d'ordinaire une accéléra- tion; la tristesse, la crainte, l'angoisse, l'ennui, l'inclifTérence se traduisent par un ralentissement. Si nous sommes auditeurs et que le chanteur conserve le même tempo, nous trouverons dans le premier cas qu'il ne se dépêche pas assez; dans le second, qu'il va trop vite. L'impression de rapidité ne peut hien se conserver, et surtout se conserver longtemps, que si l'on abrège chaque unité rythmique un peu plus que la précédente, car la rapidité est chose toute relative. Nous avons tous entendu des valseurs, au fur et à mesure de la danse, crier aux musiciens: k Plus vite, plus vite! » Souvent les musiciens accélèrent d'eux-mêmes. L'exprcssiony;/// stretto, « plus serré », c'est-à-dire « plus vite », se trouve fréquemment vers la fin des morceaux de musique.

s?" Nos sentiments influent aussi sur la force du temps marqué et en général sur l'intensité du son. C'est ce qui se traduit dans le rythme de la musique par les forte, les piano, les ben marcato, les notes pointées, etc. Ces modifications de l'intensité entraînent d'ordinaire une modification du tempo.

Dans tous ces cas, la variation du rythme est esthétique ou expressive ; on peut l'appeler artistique, surtout (|uand elle est consciemment voulue. Il s'en présente à chaque instant.

§ 55). Tant que l'attention conserve le même degré d'intensité, la dépense d'énergie reste pro- portionnelle au temps ; si au bout do la première mesure (MJ, c'cst-à-dirc après un temps ^ elle atteint la somme s, nous ramènerons ou nous attendrons le temps marqué au temps 'il, 3<, 4<... ni. Mais si l'intensité de l'attention est doublée à la mesure M.^ , par exemple, elle atteindra

la somme s avant !^t, exactement à 3 — t : si l'augmentation se produit cliez le clianteur, il pré-

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cipitera le mouvement en abrégeant de moitié le mesure M- ; si elle a lieu chez l'auditeur, il

trouvera que le chanteur ralentit le mouvement en ne ramenant pas le temps marqué à 3 — / ou qu'il chante à contretemps. D'ordinaire elle a lieu chez l'nn et l'autri'.