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CHAPITRE XII CONCLUSION

§71. Le sens du rythme, dû au pouls de l'attention, nous permet donc de donner aux unités rythmiques un isochronisme objectif, aussi bien que de le percevoir. Dans la pratique, cette égalité de durée est souvent enfreinte dans des proportions plus ou moins grandes, soit par des inexactitudes dues à l'éducation imparfaite de ce sens du rythme et à des maladresses accidentelles, soit par des variations expressives. A travers ces irrégulari- tés occasionnelles, quand elles ne dépassent pas certaines limites, nous ne cessons pourtant jamais de saisir le rythme,derétabliretdepercevoir le rythme idéal et absolu. Mais il est évident qu'elles apparaîtront dans la mesure objective des unités rvthmiques. Nous voyons combien le rvthme est sub- jectif: je ne puis m'en rapporter qu'à mon sentiment du rvthme pour savoir comment doivent se dire les vers, et en même temps à mon sens auditif pour en analyser la diction. Dans les observations conscientes ou inconscientes des poètes, des métriciens, des critiques littéraires et des simples auditeurs, je puis constater si mon sentiment du rythme et mon sens auditif sont d'accord avec les leurs. Mais si je veux des mesures exactes, des chiffres, il faut recourir à l'analyse expérimentale des phénomènes acoustiques qui provoquent les sensations auditives. Comme le sens rythmique de l'atten- tion peut acquérir une grande finesse et une grande stabilité, nous pouvons espérer trouver une concordance assez exacte entre la réalité objective et notre perception du rythme, surtout quand l'expression n'intervient pas dans le chant ou dans la poésie.