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LIVRE III

ESTHÉTIQUE DU RYTHME

CHAPITRE I LE RYTHME DANS LA NATURE

1^ 7'i. Autour de lui et en lui, l'homme a trouvé le rythme partout. Par- tout le rythme frappe ses yeux et ses oreilles, plus ou moins parfait, plus ou moins sensible, dans les formes, dans les couleurs, dans les mouvements, dans les sons. Quelle en est la cause, les causes? Souvent il résulte d'un simple mécanisme, de lois purement physiques : ainsi le basalte s'aligne en colonnes ; les vagues viennent tour Ix tour battre les falaises d'un choc sonore ; les gouttes d'eau qui se forment une h une à la pointe d'une feuille ou d'une stalactite, une à une aussi, à intervalles égaux, tombent à terre en tintant. Souvent tout s'explique, peut-être, soit par l'accommoda- tion il un but commun, comme dans le cas des dents, des doigts et des côtes, soit par une économie de travail, comme dans la disposition des feuilles du mimosa, soit même, comme dans la marche, par le principe du moindre effort. Mais au-dessus de ces causes particulières et secondes, le rythme sous toutes ses formes remonte sans aucun doute à un premier principe, unique et universel. Le rythme spatial, ce rythme de l'immobi- lité, n'est que la trace ou l'expression figée du rythme temporel, ce rythme du mouvement: voyez les plis qu'a empreints sur la plage, pendant le reflux, le rythmique va-et-vient des vagues — le moutonnement des mon- tagnes qu'a amoncelées une à une le soulèvement rythmique de l'écorce terrestre — le basalte ordonné en fûts et en colonnades par le travail rythmique de la cristallisation. Et le rythme temporel, auquel se ramène ainsi le rythme spatial, qu'est-ce autre chose que « la loi de tout ce qui existe » (i) ? Dans tout mouvement, il y a montée et descente, aller et retour,

(ij Herbert Spencer. V. ses Premiers [Principes, surtout cliap. x (trad. franc, par Gazelles, paris, 187 1, p. aôSetsuiv.),