Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/84

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la fin d'un decesdeux actes, presque toujours aussi, est marqué par uu bruit: par le choc du pied contre terre, dans la marche — par la succion de l'en- fant qui tette — par le coup du marteau sur l'enclume, de la hie sur le pavé, du pilon dans le mortier — par le claquement de la navette contre les montants du métier. Dans d'autres cas, au contraire, quand on scie, par exemple, ou t[u'on rabote, le bruit commence et finit avec chaque acte; en général, on marque en outre ce commencement ou cette fin par un accroissement d'intensité motrice et sonore. Si, enfin, le mouvement et le bruit sont continus, comme celui du rouet, on les renforce à intervalles égaux — en appuyant plus fort sur la pédale — afin d'obtenir un rythme.

§ 79. Partout donc, ou à peu près, nous avons un rythme sonore à côté du rythme moteur ; s'il n'existe pas ou semble trop faible, par exemple dans le cas d'ouvriers qui tirent sur une corde ou de la fileuse assise à son rouet, on a recours à un cri — « oh ! hisse ! » — ou bien même à une chanson. Ce n'est pas assez de dire, comme je l'ai proposé provisoirement plus haut, que les deux rvthmes se contrôlent et se guident réciproquement (v.§64)- En réalité le rvthme sonore sert de régulateur au rythme moteur. Et cela se comprend. Certes, outre le sens cinétique et dynamique, l'attention pourrait en principe aussi bien jouer pour le mouvement que pour le son ce rôle de mesure que j'ai expliqué en détail. Mais il faut une plus grande dépense d'attention pour surveiller le retour des éléments complexes d'un mouvement composé que pour percevoir le retour d'un son ou d'un ren- forcement du son (i).

§ 80. En outre, le rvthme sonore, par l'intensité et la rapidité rythmées des sons, agit comme excitant sur le système nerveux : il semble que les ondes sonores communiquent à tout l'organisme un accroissement de force ou au moins d'activité (2). « Dès que je remarque chez moi, disait un paysan de Westphalie, que les rouets bourdonnent moins gaiement, je propose quelque gaie chanson, et vous pourriez alors entendre comme les rouets se réveillent et l'accompagnent de leur basse (3). » Un planteur américain, pour soutenir dans leur travail fatigant ses emballeuses de pêches, s'avisa de leur faire jouer par un orchestre des mélodies allègres. Il trouva, non seulement qu'elles dormaient mieux et se portaient mieux, mais encore que la quantité de pêches emballées avait augmenté en moyenne de 3o pour 100, ce qui suffisait à couvrir les frais de la musique et à donner par-dessus le marché un surcroit de bénéfice (/j). Les animaux aussi, naturellement, sont sensibles à cette excitation du rvthme sonore. Dans certains pays, « les

(i) Gp. ; Rhythmisch werden unscre Bewegungcn abcr nur dann, wcnn sie wiebeira Marsch, beim Tanzen usav. durch rhythmische Gchorscmpfindungen erzcugt und iintcrhaltcn werden (de Cyon, Das Ohrlabyrinth, p. ^08).

(2) Cp. : Der Rhythmus und dcr Takl dcr Schallerrcgungcn ohne jcde Bcimischung von mu- sikalischen ïoncmpfindiingen genûgen, um vielc besonders schwere Muskelleistungen nur durcb die Becinflûssung der Reizvcrtcilung bei dcrcn Innervation zu erleichtern, oft sogar erst zu crmôglichcn (ib., p. 4 12).

(3) H. Hartmann, BUder ans Westjalcn, Osnabrûck, 187 1. ^4) Chicaijo Record Herald du 10 janvier 1901.