Page:Verrier - Essai sur les principes de la métrique anglaise, 2e partie, 1909.djvu/93

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ciilièiement alTecté et des inouvciueiits de cet organe. La niiniiijiie si variée (le la physionomie en lournit nne infinité d'exemples : la joie, la tristesse, la gaieté, le ehagiin, le dédain, la colère, le désir, la répulsion, l'envie, le dégoût, l'amour, la haine, la peur, la confiance, la cruauté, la compassion, les moindres émotions se lisent sur les traits du visage (i). Les gestes de la main et du bras, le jjas. les gambades ou le flageolement des jambes ne sont pas moins expressifs. Davantage encore les inHexions si délicatement nuancées de la voix(:>): pour une oreille attentive et habituée au parler de 1 interlocuteur, le plus léger mouvement de la sensibilité se traduit par le rythme vocal, le timbre et surtout l'intonation. La femme « suspendue aux lèvres » de son amant, l'ami inquiet pour son ami, celui qui aime, en un mol, ne s'y trompe pas. Nous avons vu dans la Première Partie que chaque émo- tion a son cri, son exclamation naturelle, sa voyelle, son timbre, sa hau- teur et ses intervalles musicaux (§ 3i, i33 etsuiv.).

§ 86. Toutes ces modifications de l'activité nerveuse et musculaire réa- gissent sur l'émotion pour la renforcer. Par la contraction ou le relâche- ment des muscles du cœur et du système artério-véneux, l'alllux du san«>- au cerveau augmente ou tliminue, et avec lui l'énergie morale, le courage. 1 entrain, la joie. Les sensations multiples qui accompagnent l'action des muscles pioduisent aussi leurs en'ets(."^). En général, tout accroissement de l'activité, s'il ne dépasse pas la force actuelle de l'organe excité, donne une sensation de plaisir ; tout arrêt, toute diminution et même tout désor- dre, une sensation de douleur. C'est ainsi que l'excitation de la joie et la dépression de la tristesse se redoublent d'elles-mêmes indirectement par leur propre expression. Il y a plus encore : comme l'expression ne l'ait ([u'un avec l'émotion, elle la renforce directement et peut même la créei'. (^uand on provoque artificiellement la mimique de la joie, par l'excitation électrique des muscles qui y sont afi'ectés, on provoque du même coup cette émotion : en même temps que la figure, l'àmc u s'épanouit ». lulgar Poe ra- conte, je ne sais plus où, que pour éprouver un sentiment quelconque, il lui suffisait d'en donner l'expression à ses traits. Nous en sommes tous lii('i). Kn s'efïorçant consciencieusement de pleurer, on finit par pleurer pour de bon. Quand on redresse la tête en fronçant légèrement les sourcils, on éprouve un sentiment de force et de fierté. On chante pour s'éffaver ou « pour se donner du courage » (5). Quand l'émotion est déjà là, elle est ren-

(i) ^. Diiclicnnc (de Boulogne), Mécaiminc de la physionomu' humaine, 18O3 ; C. Lange, Ont Sindsbcvu'fjchcr ; Wundt, Volkeriisycltolotjic, I, I.

(2) « Le mouvement <Ju son surpasse tous les mouvements des substances matérielles par la délicatesse et la facilité avec laquelle il peut recevoir les plus grandes variétés d'expression. Il peint directement les mouvements de ï'àme ». Ilelmholtz, Théorie physiolotji/jiw de la inusitjtie, Irad. Guéroult, Paris, 18O8, p. 33i.

(3) Pour le cœur, v. !< 35.

(/() Cp. Pascal : « Suivez la manière par où ils ont commencé : c'est en faisant tout comme s'ils croyaient, en prenant d(î l'eau bénite », etc. (Pensées, article X, éd. IIav.1).

(5) Cette action de la mimirpie sur la sensibilité s'observe en particulier dans l'Iiypnolisme, où elle n'est entravée par aucun état coexistant de la conscience: « On sait que, en donnant aux membres de l'hypnotisé certaines postures convenables, on éveille en lui le sentiment de l'or-