Page:Vers et Prose, tome 11, septembre-octobre-novembre, 1907.djvu/107

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Il allait, vêtu de blanche harmonie ;
ses grands yeux de pâle améthyste
étaient noyés d’ivresse triste ;
ses mains bénies
apportaient la fraîcheur des baumes, les caresses,
tout ce que laisse
aux cœurs meurtris la divine Pitié.
Parfois son doigt levé
montrait une invisible étoile, et son sourire
s’attristait d’éternelle attente jusqu’à mourir.

Et j’ai vu mon amour, mon cruel Amour…

Alors mon être entier
trembla du noir frisson des tortures subies,
trembla du vain effort des ailes asservies.
Au geste de sa main, à l’appel de sa voix
resurgissait tout le long Calvaire… Sur moi
son haleine de cendre et de braise et de glace
soufflait la mort et, comme un masque, sur sa face
grimaçait l’Ironie au regard meurtrier…
Va — disait-il — tu peux prier, pleurer, crier !
Toujours, comme un écho moqueur de ton martyre,
sonnera dans ton âme en ruine mon Rire…

Écoute :

« L’éther léger d’Avril palpite de baisers ;
Des caresses de fleurs flottent par les prairies ;
Sur les ailes, encor timides et meurtries,
Éclosent des chansons vers les cieux apaisés ;