Page:Vers et Prose, tome 11, septembre-octobre-novembre, 1907.djvu/108

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« Et des vapeurs d’amour, à l’horizon, s’amassent
Pour l’orageux été des rouges Passions,
Mais le Désir s’attarde aux blanches possessions
Qui troublent, sans les dévaster, les cœurs qui passent

« Écoute… un violon prélude, si lointain
Qu’il semble la caresse vague d’une brise
Dans la nuit peu à peu bleuissante, qu’irise
L’incertaine clarté d’un idéal matin…

« Écoute ! Il va monter dans l’azur qui s’éclaire…
Il monte… Il chante l’Heure unique, où disparaît
Le soleil même — et c’est l’ineffable secret
De deux cœurs exhalant une même lumière,

« De deux cœurs jamais assouvis, mais défaillants
Déjà, oh ! défaillants d’extase trop cruelle,
Trop douloureusement mystique et sensuelle !…
Et l’invisible archet plane et pleure, éveillant

« Tout ce qui dort au fond des vivants sanctuaires
Et met de l’infini dans l’atome, ce qui
Faisait trembler Siegfried devant l’Éden conquis
Et laisse un souffle tiède aux plis froids des suaires.

« Oh ! les suivre à jamais, ceux que l’Archet divin
Appelle maintenant par delà les étoiles !
Le vent de leur désir a soufflé dans leurs voiles
Et leurs larmes les ont grisés comme du vin.

« Ils partent, libres, délestés des choses brèves
Et vaines qui étaient eux sans être Eux vraiment