Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/127

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Non, par delà le cours des heures éphémères
Son âme est en voyage au pays des chimères.


Il rêve à des chimères. Auxquelles ? À celles qu’a créées sa religion. Il rêve aux filles de Djennet, à leurs cheveux noirs, à l’âcre parfum qui en sort[1]. — Mais le chacal hurle, la cavale piétine, l’homme se réveille :


Plus de Djennet, partout la flamme et le silence,
Et le grand ciel cuivré sur l’étendue immense.


La promesse d’un paradis voluptueux : voilà donc ce que l’Islam offre au Bédouin pour la traversée de la vie. Faible et vain support que cette chimère ! La religion des éléphants vaut mieux,

Nurmahal parut dans la Revue Contemporaine le 28 février 1858.

Leconte de Lisle avait lu l’histoire de son héroïne dans l’appendice de l’Histoire générale de l’Inde ancienne et moderne par M de Marlès (Paris, 1828).

Son père l’avait amenée, après un voyage roma-

  1. Cet âcre parfum émané des cheveux fait songer à Baudelaire. Une partie des Fleurs du Mal parut le 1er  juin 1855, vingt-trois jours avant la mise en vente des Poésies Nouvelles, où est publié le Désert. Je constate la coïncidence, sans prétendre du tout que Leconte de Lisle se soit inspiré de Baudelaire.