Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/90

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la genèse biblique la genèse polynésienne, non moins ancienne, pense-t-il sans doute, ni, à ses yeux, moins vénérable. Celle-là croit qu’un Dieu tout-puissant a tout créé de rien, et celle-ci croit que le seul dieu est la nature immortelle, être unique, quelles que soient les transformations de l’être. Et le poète songe avec plaisir que ce panthéisme de l’Océanie étant apparenté de près à celui de l’Inde, de plus loin aux conceptions de la Grèce, une tradition, étendue dans l’espace et dans le temps, donne de l’autorité aux religions de la nature.

On n’a point à chercher qui l’intéressa à la cosmogonie scandinave. Ce qui peut surprendre, c’est qu’elle ne soit pas entrée plus tôt dans sa poésie : car de toutes parts lui venaient les encouragements à s’en inspirer, À l’envi, Bergmann, Ampère, Ozanam, Xavier Marmier lui disaient le caractère grandiose et tragique de l’Edda et particulièrement de la Voluspa, chant de la devineresse[1].

  1. Ampère, Littérature et voyages, Allemagne et Scandinavie, Paris, Poulin, 1833. Bergmann, Poèmes tirés de l’Edda de Saemund, publiés avec une traduction et un commentaire, Paris, Strasbourg, 1838. Ozanam, Les Germains avant le christianisme, Paris, Lecoffre, 1847. X. Marmier, Lettre sur l’Islande, Paris, 1837 ; Chants populaires du Nord, Paris, 1842.

    C’est la traduction de Bergmann qui a dû lui servir le plus. Et je remarque ceci : le 6 mars 1858, Bergmann publie les Chants de Sôl, et Leconte de Lisle en tire bientôt la Vision de Snorr (31 oc-