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L’Épée d’Angantyr fut publiée le 1er  février 1861 dans la Revue Européenne, près de trois ans après la Légende des Nornes, Le poète ne se pressait donc pas de s’abreuver aux sources scandinaves dont cependant on lui vantait le caractère tragique et pittoresque. Il y trouvait sans doute trop d’obscurités et de complications.

Même le Chant d’Hervor ne paraît pas l’avoir tout de suite intéressé.

Près de la tombe où Angantyr doit son dernier sommeil, Hervor sa fille hurle pour l’éveiller. Elle réclame la forte épée du brave, l’épée forgée par les Nains. Il nie d’abord que l’épée soit dans son tombeau ; puis, il refuse de la céder : s’il s’en dessaisit, elle détruira toute la race d’Hervor et il dit comment. Mais Hervor réclame son héritage : l’épée du père appartient à l’unique enfant ; tant qu’elle ne l’aura pas, elle troublera le repos des morts. Il cède enfin, mais il répète sa prédiction, et Hervor renouvelle son dédain pour tout ce qui se fera après elle.

Tel qu’il est fait par le poète scandinave, le dialogue entre l’héroïne et son père nous paraît à nous alourdi par trop d’allusions à des légendes que nous ne connaissons pas, à des croyances où nous avons peine à entrer.

Leconte de Lisle n’a jugé l’histoire digne d’intérêt