Page:Vianey - Les Poèmes barbares de Leconte de Lisle, 1933.djvu/94

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que lorsqu’il a vu qu’il pouvait la rendre de purement scandinave un peu française.

Il suppose qu’Angantyr est mort sans vengeance. C’est pour châtier les meurtriers de son père qu’Hervor réclame l’épée forgée par les Nains. En vain le père objecte-t-il que le fer est pour les hommes, la quenouille pour les femmes ; ce n’est là qu’une épreuve : car lorsque la jeune fille se révolte contre l’injure, le vieux brave reconnaît avec orgueil en elle la fille des héros. Il donne donc l’épée en disant ; Va, cours, vole, venge-nous et meurs en brave.

Ainsi modifiée l’histoire nous agrée, car elle nous est familière ; sous des noms nouveaux nom avons reconnu des héros populaires chez nous : Don Diègue et Rodrigue.

Mais les noms sont nordiques ; le décor aussi ; les gestes et le langage quelquefois.

Le tombeau d’Angantyr se dresse

Au faîte du cap noir sous qui la mer s’enfonce.

Les enfants du brave roulent, nus et sanglants,

Dans l’onde où les poissons déchirent leurs reins blancs.

Hervor hurle comme une louve maigre. Elle jure par Fenris. Elle souhaite que le loup sauvage arrache du tombeau et broie les os du père insensible à la vengeance. L’épée enfin conquise, elle bondit les cheveux au vent et disparaît dans la nuit.

Les allusions à des histoires obscures pour nous ont