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les sages, les guerriers, les vierges et les dieux ; il se redit à lui-même ce « large chant d’amour, de bonté, de vertu » qu’est son Ramayana.

C’est pendant qu’il s’anéantit ainsi dans ce qu’il a conçu que les fourmis l’envahissent. Bientôt sur le mont Himavat il ne reste plus qu’un roide squelette, qui fut Valmiki, l’immortel poète.

On voit comment le poème de la Mort de Valmiki a été composé, par quelle combinaison ingénieuse du Moïse de Vigny et d’un épisode du Maha-Bharata. Et on en voit aussi le sens. Par son dénouement, il est un saisissant exemple du degré où peut aller chez un anachorète indien le détachement des choses d’ici-bas. Par sa première partie, il est surtout une explication du Ramayana. Qu’à la vue de l’Inde remise tout entière sous ses yeux dans un flot de lumière, Valmiki ait senti renaître en lui la vision ancienne ou, en d’autres termes, qu’il ait alors refait son poème, qu’est-ce que ceci veut dire ? C’est que les légendes du Ramayana sont le produit le plus naturel et le plus spontané du sol indien, l’œuvre à laquelle l’Inde entière, hommes et choses, a travaillé, qu’elle a faite à son image. Et Leconte de Lisle ne se trompe point : toute l’Inde ancienne revit dans le Ramayana.


l’arc de civa[1]


Ô large chant d’amour, de bonté, de vertu,…
Ramayana !


  1. Poèmes antiques, V.