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viere, en Alemagne et en Borgoigne, et les envoia en une terre qui est apelée Beheim[1]. Grant partie de cele terre degasta par feu et par occision, puis s’en retorna sanz grief et sanz domache.

En cele année, envoia Pepins, li rois de Lombardie, contre les Mors, en l’isle de Corse, qui sovent destruisoient cele contrée ausi come par acostumance[2]. Mès il ne l’atendirent pas, ainz s’en retornerent quant il sorent que cele navie venoit ; Hadumares, li cuens de la cité de Genes, y fu occis pour ce que il se combati contre els trop folement.

En ce tens, se tornerent li Navarrois et li Pampelunois à la loi de Sarrazins[3] ; mès puis se repentirent et repairierent à la foi de sainte Eglise[4].

Nicephores, li empereres de Constantinoble, envoia derechief grant navie par Nicete, un de ses princes, por recovrer se il peust l’isle de Dalmacie[5]. Li message qui au roi avoient ja esté envoié près avoit de iiii anz, de Grece, retornerent lors en la navie des Griex[6].

  1. « In terram Beeheim », en Bohême.
  2. Le royal ms. 16 G VI, fol. 142, ajoute en note : « Envoia une grant armée de sa gent. »
  3. L’auteur des Grandes Chroniques donne au texte latin un sens qu’il ne semble pas avoir. Éginhard dit seulement : « Navarri et Pampilonenses, qui superioribus annis ad Sarracenos defecerant, in fidem recepti sunt », ce qui indique qu’après avoir fait défection, ils revinrent à Charlemagne sans qu’il soit question de retour à la foi chrétienne, qu’ils avaient sans doute pu conserver.
  4. Le royal ms. 16 G VI ajoute en note : « Et y furent receuz », traduisant ainsi « in fidem recepti sunt ».
  5. On a seulement dans Éginhard : « Ad recuperandam Dalmatiam. »
  6. Le royal ms. 16 G VI ajoute : « Senz ce que nulz des ennemis s’en aperceust. » L’auteur des Grandes Chroniques a fait ici un contresens en traduisant Éginhard. Il s’agit des ambassadeurs de Charlemagne envoyés au roi de Perse, qui traversèrent la ligne des vaisseaux grecs et se réfugièrent à Trévise : « Et legati qui ante quattuor fere annos ad regem Persarum missi sunt, per ipsas Græcarum navium stationes transvecti, ad Tarvisiani portus receptaculum, nullo adversariorum sentiente, regressi sunt. »