Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/135

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volentiers[1], s’en parti sanz le seu du pere et s’en ala en Aquitaine[2] et li empereres demora tout cel yver à Es la Chapele.[3]Vers la novele saison vindrent noveles à cort, et fu conté à l’empereor que aucun esmovement de guerre estoit sors en Baiviere. Tantost s’apareilla et mut ; jusques à Hautbourc[4] ala, et assez tost après estainst tot et apaisa tout le païs.

En France repaira et fist un parlement en la cité d’Orliens. A son fil Pepin, manda que il fust là encontre lui, et cil i vint toutevoies, mais ce fu contre sa volenté. Lors, s’aperçut li peres, que il estoit desvoiez de bien faire et corrumpuz par le conseil d’aucuns mauvès hommes, et meesment par Berart qui en Aquitaine demoroit et par cui conseil il ovroit au tens de lors[5]. Pour savoir la verité de cete chose, trespassa Loire li empereres et vint à Joquegni[6], en son palais qui est en la contrée de Limozin. La cause de Berart fu enquise et debatue, acusez fu de desloiautez ; mais li accusierres se retraist ariers, ne ne vot aler avant en la besoigne jusques au gage de bataille. Mais, toutes voies, pour ce que l’on avoit de lui soupeçon et grant presump-

  1. « Ainçois lui desplaisoit que son pere le detenoit oultre sa volenté » (royal ms. 16 G VI, fol. 205, en note).
  2. Les Annales de Saint-Bertin (année 832) font connaître la date à laquelle il quitta son père : « In vigilia Innocentium, prima noctis hora cum paucis suorum fuga lapsus est, et sub omni festinatione Aquitaniam petiit. » Ce serait ainsi le 27 décembre.
  3. Vita Hludowici imperatoris, chap. xlvii.
  4. Augsbourg.
  5. « Lequel par promesses et puis par menaces se efforçoit de le faire consentir à sa très mauvaise volenté et entencion » (royal ms. 16 G VI, fol. 205, en note).
  6. Auj. le Palais, Haute-Vienne, arr. et cant. de Limomges.