Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 4.djvu/137

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parti et vint à une vile qui a non Reste[1], le flum de Loire trespassa et s’en vint yverner en France ; mais moult fu travailliez, il et sa gent, des gries que il soffrirent en cele voie[2].


XVIII.
Comment touz li poples se torna devers ses fiuz et de la deception l’Apostoile ; comment si fil le pristrent, lui et sa fame et Challot son petit fil, et comment il departirent le roiaume ; de la complainte que il fait de ses fiuz et puis comment il gaba le serjant qui le gardoit à Saint Mahart de Soissons.

[3]Li anemis contraires à tout bien et à toute pais ne cessoit chascun jor de trobler la sainte pensée de l’empereor[4], par ses menistres qui firent entendant à ses fiuz que il les voloit traïr et desheriter. Si ne regardoient ore mie à ce que il estoit si debonaires et si humains à toutes genz, nés à ceus qui avoient sa mort jurée, si comme il maismes savoit bien. Comment donques povoit ce estre, que il feist cruauté ne traïson vers ses enfanz ? Mais pour ce que mauveses paroles corrumpent bones mors, et la goute d’iaue qui

  1. Rest, ancienne villa gallo-romaine devenue prieuré bénédictin, dont la chapelle sert aujourd’hui d’église paroissiale à la ville de Montsoreau (Maine-et-Loire, arr. et cant. de Saumur).
  2. Le royal ms. 16 G VI, fol. 205 vo, ajoute en note : « Et à pou d’onneur pour lui et pour son ost, celle foiz en France retourna », pour traduire : « Quod et fecit, licet minus honeste quam decuit. »
  3. Vita Hludowici imperatoris, chap. xlviii.
  4. « La sainte pensée de tout bien qui estoit en l’emperere » (royal ms. 16 G VI, fol. 205 vo).