des moines de leenz qui estoit avugle, ne n’avoit veu de lonc temps ; et tantost il vit aussi cler comme il avoit onques fait en toute sa vie.
Le roy de France ot mout grant pitié des prelaz de sainte Yglise et regarda que toute humaine aide failloit à l’eglise de Romme, et fu mout corrouciez des prelaz de son reanme que l’empereor tenoit en sa prison. Il manda l’abbé de Corbie et Gervaise de Seurennes[2] et leur commanda qu’il alassent à l’empereour et qu’il li deissent de par lui, qu’il, par amours et par grâce, il delivrast les prelaz e son reanme que il tenoit en chaitivoison. L’emperere entendi bien la requeste le roy de France, mais il n’en mist rienz à execution, ançois respondi aus messages qu’il n’avoit pas conseil de ce faire. Et si tost comme li message furent retorné, il envoia les prelaz enchartrer en la cité de Naples[3], et manda par ses messages au roy de France : « Ne se merveille pas la royal majesté de France se Cesar Auguste tient estroitement ceus qui Cesar vou-
- ↑ Guillaume de Nangis, Vie de saint Louis, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 332-333 ; Chronique latine, t. I, p. 193. Cf. Raynaldi, op. cit., t. II, p. 274-277.
- ↑ Dans le texte latin de la Vie de saint Louis (Gesta sancti Ludovici), ce personnage est appelé : « Gervasius de Escriniis. »
- ↑ Sur l’incarcération des prélats à Naples et sur les souffrances qu’ils endurèrent alors, voir Mathieu de Paris, op. cit., t. IV, p. 129-130.