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Antoine le vendredi après la Penthecouste[1]. Il entra en l’eglise de l’abbaïe, et requist aus nonnainz que elles priassent pour lui et que elles l’eussent en memoire. De ce jour en avant, il ne volt puis vestir robe d’escarlate, ne de brunete, ne de vert, ne de couleur qui feust de grant apparissance, ançois vestoit robe de camelin brun ou de pers ; ne ne chaucha puis espouron doré, ne ne volt avoir sele dorée ; ne ne volt que le frain, ne le poitrail feust de soie[2]. Et pour ce que sa selle et son frain et son autre harnois fu de mendre pris que cil dont il usoit devant, il establi que son aumosnier preist le seurplus de l’argent pour donner aus povres ; car il volt que l’argent qui estoit mis en lui dorer et cointir tornast au profit des povres.

En la compagnie le roy estoit Robert le conte d’Artois, et Karle le conte d’Anjou, freres le roy, et le cardinal de Romme[3], et mout d’autres prelaz, et grant foison des barons de France. Son frere, messire Alphons, demoura avoec la royne Blanche sa mere pour garder le royamme ; et si estoit-il croisié, mais il fu acordé du roy et des barons qu’il demourast celle année en France. Le roy et son ost passerent parmi Bourgongne et alerent à Lions sus le Rosne par leur jornées, et i trova le roi le pape Innocent qui n’osoit aler vers Romme pour l’empereour Federic qui l’avoit en grant haine. Quant il orent parlé ensamble, le roy reçut beneyçon et se parti de Lyons et vint à i chastel

  1. 12 juin.
  2. Pour la manière dont saint Louis se vêtait, cf. Joinville, § 667.
  3. Eudes de Châteauroux, cardinal-évêque de Tusculum, légat du pape en France.