Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/240

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Il avint que le roy estoit à Poissi[1] secréement avoec ses amis ; si dit que le greigneur bien et la plus haute honneur qu’il eust onques en ce monde li estoit avenue à Poisci. Quant sa gent l’oïrent ainsi parler, si se merveillierent mout de quelle honneur il disoit, quar il cuidoient que il deust miex dire que telle honneur li feust avenue en la cité de Rainz, là où il fu couronnez du reamme de France. Lors commença à souscrire le roy et leur dist que à Poisci li estoit avenue celle grant honneur, quar il i avoit receu baptesme qui est la plus haute honneur seur toutes autres. Quant le roy envoioit ses letres à ses amis secréement, il metoit : « Looys de Poissi, à son chier ami, salut. » Ne ne s’apeloit point roy de France. Si l’en reprist i sien ami, et il respondi : « Biaus amis, je sui aussi comme le roy de la feve qui au soir fet feste de sa réauté ; l’endemain par matin si n’a point de reauté. »

Le roy avoit une coustume que quant il estoit près des malades, il s’agenoilloit et leur donnoit beneïçon et prioit Nostre Seigneur qu’il leur donnast guerison ; et puis les touchoit de ses doiz là où la maladie estoit et fesoit signe de la croiz en disant les paroles de la puissance Nostre Segneur et de sa dingne vertu. Après ce qu’il les avoit tenuz et bailliez[2] selonc ce qu’il apartient à la digneté roial, il les feisoit mengier à sa court et fesoit à chascun donner pour raler en leur contrées.

    Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 408-411. Cf. Geoffroi de Beaulieu, op. cit., chap. xxxiv, xxxv.

  1. Poissy, Seine-et-Oise, arr. de Versailles, ch.-l. de cant.
  2. Bailliez, soutenus, conduits. — Paulin Paris, t. IV, p. 362, qui n’a pas compris ce mot, a imprimé « baisié ».