Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 7.djvu/77

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rent à gaster la terre au conte de Champaigne, par devers Alemaigne, car il l’avoient en grant haine pour ce qu’il s’estoit acordez au roy, et mistrent en feu et en charbon quanqu’il trouverent devant euls, et alerent jusques à une ville qui ot à non Caourse[1]. Si tost comme il furent devant la ville, il la commencierent forment à assaillir. Quant le conte Thibaut vit qu’il estoient si forment esmeuz contre lui, il manda au roy de France secours, et pour Dieu qu’il li vousist aidier ; et que tout ce faisoient li baron pour ce qu’il s’estooit [à lui[2]] acordez. Le roy reçut sa priere et envoia messages aus barons et leur pria qu’il se vousissent souffrir de domagier le conte Thibaut. Mais les barons firent oreilles sourdes, onques por son commandement ne s’en voudrent tenir. Quant le roy sot qu’il ne voudrent cesser, il fist venir ses soudoiers et genz d’armes à pié et à cheval, et manda sa chevalerie et ses communes, et s’esmut à aler contre ses barons, entalentez de prendre vengance de tel fait. Les barons sorent que le roy venoit atout grant ost, si se douterent d’aler contre lui ; si ne l’oserent atendre, ainz se departirent du siege au plus tost qu’il porent et s’en alerent chascuns en sa contrée. Quant li roys sot certainement qu’il s’estoient departiz du siege, il retorna arriere lui et son ost et s’en revint en France[3]

    pagne dans les premiers jours de juillet 1228 (cf. Élie Berger, Histoire de Blanche de Castille, p. 153).

  1. Chaource, Aube, arr. de Bar-sur-Seine, ch.-l. de cant. D’après la Chronique latine de Guillaume de Nangis (éd. H. Géraud, t. I, p. 178), ils auraient assiégé aussi Bar-sur-Seine.
  2. Nous avons donné les mots entre crochets d’après le ms. fr. 2813 de la Bibl. nat.
  3. Guillaume de Nangis, dans sa Vie de saint Louis et dans