Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/115

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failli pour ce que il ne se offroit à eulz à estre leur seigneur, comme ceulz qui l’en requeroient chascun jour.[1]Quant le roy ot oy et sceu et escouté tiex paroles, si envoia ii chevaliers en Cecile pour veoir la contenance et la maniere du pays. Si furent moult bien receuz et honnorez des plus haus hommes du pays et de la contrée, et promistrent et jurerent qu’il recevroient le roy comme leur seigneur. Quant les messages orent fourni leur besoigne, si s’en retornerent et amenerent avec eulz des plus haus hommes et des plus renommez de Cezille pour miex affermer et enteriner la besoigne. Si tost comme la chose fu affermée et asseurée d’une part et d’autre, ceulz de Palerne et de Meschines et de toutes les autres bonnes villes, seignierent les huis des François par nuit, et quant il vint au point du jour qu’il porent entour eulz veoir, si occistrent touz ceulz qu’il porent trouver, ne ne furent espargnié ne viex ne jeune que touz ne fussent mis à l’espée ; neis les femmes ençaintes des François furent toutes occises que nulle ne demoura[2]. Aucun en y avoit qui par grant felonnie les acovroient par les testes[3], et en sachoient les geunes creatures et les getoient es paroiz et leur

  1. Tout ce qui suit jusqu’à si occistrent n’est pas tiré de G. de Nangis qui donne en cet endroit une longue suite de considérations sur les prétentions de Constance au royaume de Sicile.
  2. Vêpres siciliennes ; massacre des Français en Sicile, le 30 mars 1282. Cf. Muntaner, chap. xliii. Raynaldi, Annales ecclesiastici, t. III, p. 535 et 552 à 555 ; de Saint-Priest, Histoire de la conquête de Naples, t. IV, p. 40-57. Chronicon Siciliæ, dans Muratori, Rerum italicarum scriptores, t. X, col. 830-833.
  3. Acovroient par les testes, doit être une mauvaise lecture pour « aovroient par les costés ». Latin : « latus aperientes ».