Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/116

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faisoient issir les entrailles. Le roy appareilla sa navie et tant de gent comme il pot avoir pour aidier à ceulz de Cezille contre le roy Charles, se mestier en fust[1]. Si envoia endementres à Romme et requist à l’Apostole qu’il li feist secours et aide, et qu’il li otroiast les disiemes de sainte Eglise en son roiaume, et que son propos estoit d’aler oultre mer sus les Sarrazins. L’Apostoile qui ja se doubtoit de li, ne ne savoit s’il disoit voir ou non, li respondi que moult volentiers li aideroit et feroit aidier de ses biens de la crestienté et de sainte Eglise ; mais qu’il commençast la besoigne et qu’il peust apercevoir la fin où il tendoit.


XXXI.
De la venue au roy d’Arragon en Cezille[2].

Quant Pierre d’Arragon ot oy et veu la volenté l’Apostole, il entra en mer, et furent les voiles desciez. Les vens ne furent de rien contraires ; si s’en vint tout droit au port de Tunes, par devers les destroiz des

  1. Les Grandes Chroniques ont supprimé dans cette dernière partie tout ce qui, dans G. de Nangis, fait ressortir la fourberie de Pierre, roi d’Aragon. « Sed ne perciperetur ejus quam conceperat iniquitas, misit ad Romanam curiam solemnes nuncios ; fingendo significans, quod cum sumptuoso et sollicito apparatu ad Dei ecclesiæ servitium et exaltationem catholicæ fidei versus Africam super barbaros suæ potentiæ brachium dirigebat. » Cf. Muntaner, chap. xliv à lix.
  2. Guillaume de Nangis, Gesta Philippi regis Franciæ, dans Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 518-519. Primat, dans sa Chronique (Ibid., t. XXIII, p. 101), a suivi pour ce chapitre non les Gesta Philippi de G. de Nangis, mais sa Chronique. Cf. éd. H. Géraud, t. I, p. 255-256. Cf. Chronicon Siciliæ, dans Muratori, op. cit., t. X, col. 833, cap. xl.