Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 8.djvu/152

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femme ot ou cuer, ne les pleurs ne les larmes que elle rendi. Tant mena grant duel et si longuement, que à paine pooit elle avoir remede de sa vie[1]. Le roy fu conroié si comme l’en doit à tel prince[2]. Les entrailles furent enterrées en la maistre eglise de Nerbonne ; les ossemens en furent aportés à Saint Denis en France et furent mis en sepulture d’encosté son pere le saint roy Loys. Mais ançois qu’il fussent mis en sepulture, dissencion et grant descort mut entre les moines de Saint Denis et les Freres Prescheurs de Paris. La cause si fu pour ce que le roy Phelippe, le filz du bon roy, avoit donné et otroié aussi comme despourveuement à i frere de l’ordre des Prescheurs le cuer son pere, pour ce qu’il fust ensepulturé en l’eglise des Prescheurs de Paris. Les moines de Saint Denis le vouloient avoir et disoient, puisqu’il avoit esleu sa sepulture à l’eglise de Saint Denis, que son cuer ne doit pas ailleurs reposer ne gesir. Mais le jeune roy ne voult pas estre desdit à son commencement ; si commanda qu’il fust baillié et delivré aus Freres Prescheurs de Paris. Pour ceste chose furent meues pluseurs questions à Paris entre les maistres de theologie : à savoir mon se le roy pooit donner ne ottroier le cuer son pere propre sanz la dispensacion de son evesque souverain[3].

[4]Après ce, les os furent enterrés à Saint Denis en

  1. « Vix potuit per annos plurimos consolationis remedium a quoquam recipere vel habere » (G. de Nangis).
  2. G. de Nangis donne plus de détails : « Exequiis ergo regis Philippi expletis, et ossibus per excoctionem a carne sejunctis, carnem quidem et viscera apud Narbonam in majori ecclesia sepelientes. »
  3. Latin : « absque dispensatione duntaxat summi pontificis », c’est-à-dire sans autorisation du Souverain Pontife.
  4. Cette dernière partie n’est pas tirée de G. de Nangis.