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LVI.
De la fausse beguine qui se faignoit estre de sainte vie[1].

L’an mil CCC IIII rassambla le duc Guillaume de Haynaut[2] tout son pooir, et se combati contre les Flamens en la terre de Gerlande et les vainqui, et si en mist a mort grant multitude.

Et en ce meismes an habitoit en Flandres une femme fausse prophète[3], laquelle estoit en habit de beguine, et faignoit estre femme de sainte vie, et demoroit avec les beguines, et faignoit aucunes revelacions fictives et plaines de mençonges par lesquelles le roy, la royne et meismement les nobles de France elle trompa ; et especiaument en ce temps que le roy de France avoit esperance d’aler combatre les Flamens. Et encore fist elle tant que, à la requeste des Flamens, Charles conte de Valois, lequel retournoit de Sezille vot faire empoisonner par un jeune homme que elle li envoia malicieusement. Mais quant Charles oy parler de celle femme, il la fist prendre et mettre en gehine et li fist faire du feu as plentes des piez ; et adonc

  1. Continuation de la Chronique latine de Guillaume de Nangis, éd. Géraud, t. I, p. 340 à 343. Cf. Rec. des Hist. des Gaules et de la France, t. XX, p. 590.
  2. Sur l’expédition de Guillaume d’Avesnes en Zélande, la bataille de Zierkisée (10-11 août 1304) et la défaite des Flamands, voir Annales Gandenses, p. 62-65, et surtout la note 2 de la page 64 dans laquelle sont indiqués les principaux mémoires consacrés à cet événement. Cf. Chronique artésienne, p. 82-83, et Funck-Brentano, Philippe le Bel en Flandre, p. 469-471.
  3. La continuation de G. de Nangis dit qu’elle était originaire de Metz. « Metis, ut dicitur, oriunda. »