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Nostre Dame[1], Phelippe le roy de France vint à Reins et fu coronné par la main de l’evesque de Soissons[2], car il n’i avoit point d’arcevesque à Reins[3], ainz estoit le siege vagant. Si fu la feste grant, et y furent les barons au roy de France, et grant foison de prelas, et plusseurs autres.

Les roys de France ont acoustumé dès le temps Charlemaine, le grant roy de France et emperere, de faire porter Joieuse devant eulz le jour de leur coronement, en l’honneur et la puissance du roy Charlemaine qui tant de terres conquist et tant Sarrazins mata. Si la doit ballier le roy au plus loyal et au plus preudomme du royaume et de touz les barons, et à celi qui plus aime l’onneur et le profit du roiaume et de la coronne, qui porte devant li quant il va recevoir son coronnement.

Le roy Phelippe regarda entour lui bien et apertement tous ses barons qui entour li estoient ; si la tendi à Robert conte d’Artois, et cil la prist et la porta devant lui moult liéement celle journée. Celle espée qui a nom Joieuse et la corone et le ceptre royal et les autres aornemens sont gardés ou tresor Saint Denis moult chierement, et bien sont tenuz les moines de

  1. On a par erreur donné quelquefois au couronnement de Philippe le Hardi la date du 30 août 1271. Voir un mémoire de Bréquigny dans Notices et extraits des manuscrits, t. II, p. 9. L. Delisle, Mémoire sur les ouvrages de Guillaume de Nangis, p. 37, et Ch.-V. Langlois, Le règne de Philippe III le Hardi, p. 55.
  2. L’évêque de Soissons était alors Milon de Bazoches (1262 au 24 septembre 1290).
  3. Jean de Courtenai, archevêque de Reims, mort le 17 août 1270, ne fut remplacé par Pierre Barbette que le 17 avril 1273.