Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/145

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furent moult familierement ensemble ; et puis prist le roy congié et s’en retourna en France.

Item, le secont dimenche d’aoust[1], l’an desus dit, les procès fais encontre Baviere et l’antipape et leurs complices, lesquieus procès avoient esté autre foiz publiez à Paris ; derechief, de l’auctorité du pape, il furent repetiez.

Item, en ce meismes moys, c’est à savoir le xxiiii jour[2], l’antipape entra en Avignon, en habit seculier pour la paour du peuple, car il ne se osoit pas bonement manifester ne soy monstrer en son habit. Mais le jour ensuivant il monta sus i letrin afin qu’il peust estre veuz de tous clerement, et estoit vestuz en habit de Frere Meneur. Lequel fu pris premierement et puis presenté au pape et aus cardinalz en consistoire ; lequel, derechief, monta sus i lettrin et prist i theume et dist : « Pere, j’ay pechié ou ciel et devant toy. » Et puis dist-il encore : « J’ay erré si comme une beste esgarée. Pere, requier ton serjant. » Et disoit moult de belles paroles de l’escripture, et se jugoit qu’il n’estoit pas digne de pardon avoir ; mais il venoit au geron de sainte Eglise très humblement, et requeroit de ses pechiez pardon. Quant il ot dit touz ce qu’il voult, il descendi du letrin ; et lors le Saint Pere si prist partie de son protheume, c’est assavoir : « Requier ton ser-

  1. Le 12 août.
  2. Cette date du 24 août est bien exacte. Cf. Chronique de Richard Lescot, éd. Lemoine, p. 20 ; Raynaldi, t. V, p. 471 et 477 ; Villani, dans Muratori, t. XIII, col. 702. La Continuation de G. de Nangis donne par erreur « vicesima tertia die ». Sur le retour de Pierre Corbara, voir Raynaldi, t. V, p. 467 à 478, et Baluze, Vitæ paparum Aveniensium, éd. Mollat, t. I, p. 145 à 151, et t. II, p. 207 à 210.