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le pape, diligeaument enformé que ladicte contesse d’Artois, mere de la dicte Blanche, avoit levé des sains fons le roy Charles[1], pourquoy entre lui et sa ligniée, il avoit cognacion espirituelle, donna sentence que ou cas que dispensacion n’avoit esté donnée du Saint Pere, le mariage de Charles et de Blanche estoit nul, et donna congié au roy qu’il peust prendre autre femme. Si prist à femme Marie[2] fille Henri jadis emperere de Rome, et l’espousa à Provins, le jour de la feste saint Maci l’apostre[3].

En cel an, environ la Chandeleur, le conte de Nevers[4] fu delivré de prison ; lequel, comme il fust venu à Paris acoucha de une grief maladie qui fu causée, si comme aucuns dient en la prison où il fu mis ; et de celle maladie il mourut puis fu enterré aus Freres Meneurs l’endemain de la Madgalene[5], et ainsi la contesse

  1. Cf. J.-M. Richard, Mahaut, comtesse d’Artois et de Bourgogne, p. 8.
  2. Marie de Luxembourg, fille aînée de l’empereur Henri VII et de Marguerite de Brabant.
  3. 21 septembre 1322.
  4. Louis de Flandre, fils de Robert III, comte de Flandre, était comte de Nevers par sa mère et comte de Rethel par sa femme Jeanne, fille unique de Hugues IV, comte de Rethel. Il mourut à Paris le 22 juillet 1322.
  5. 23 juillet 1322. D’après l’épitaphe de son tombeau, il serait mort le 22 juillet (E. Raunié, Épitaphier du vieux Paris, t. III, no 1191). Le ms. fr. 10132, fol. 404, ajoute ici :

    « Et lors sa fame tourna à son hyretage [la conté] de Retest ; et pour son doaire deust avoir1 la moitié de la conté de Nevers. De la mort de cest conte, fu dit par creance que l’en li eust donné en sa prison quelque chose par quoy sa mort eust esté avancié ; quar il pensoient bien que il estoit de tel cons-

    1. Ms. « dont avoit ».