Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/356

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gneur. Lors le bon roy, comme bon catholique et vray, mist toute son esperance en Dieu et dist ces paroles à la royne et à ceuls qui là presens estoient. « Je vous pri que s’il muert, que vous ne l’ensevelissiez pas trop tost, car j’ay ferme esperance en Nostre Seigneur et es merites des glorieus sains qui tant devotement en ont esté requis, et es prieres de tant de bonnes gens qui en prient et ont prié, que se il estoit mort, si seroit-il resuscité. » Si puet-on veoir par dit, comment il avoit ferme foy en Jhesu Crist et en ses sains.

Après par fait. Comme en son temps ; c’est assavoir en l’an mil CCC XXXI, le pape Jehan XXII eust preeschié publiquement à Avignon une très grant erreur de la divine vision[1], et finablement ceste erreur eust esté preeschiée en la ville de Paris par ii maistres en theologie, l’un Cordelier et l’autre Jacobin envoiez de par ledit pape, si comme l’en disoit, l’an mil CCC XXXIII ; de laquelle predicacion ou opinion il sourdi très grant murmure, aussi comme par toutes les escolles de Paris ; si avint que le bon roy oy parler de ceste chose ; si li en desplut moult, et manda tantost x maistres en theologie et aucuns en drois et en decrez, et leur demanda leur opinion de ceste nouvelle predicacion qui avoit esté publiée es escoles. Lors li respondirent que ce seroit grant peril et mal fait de la souffrir, car ce estoit pure erreur et contre la foy. Assez tost après, le bon roy fist une convocacion moult grant au Bois de Vinciennes, en laquelle convocacion il y ot maistres en theologie en grant quantité et aucuns autres en decret. Et si y ot pluseurs evesques et

  1. Cf. chap. xi, p. 135-137.