Page:Viard - Grandes chroniques de France - Tome 9.djvu/75

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plusseurs de mors, et tuez et d’occis, noientmoins le fort de la bataille chei sur le conte de Flandres et sur les siens, en tant que plusseurs se sauverent par fuite. Si y fu tué messire Jehan de Flandres[1], autrement dit de Neele ; le conte de Flandres fu pris et v chevaliers et ii nobles damoisiaux, qui touz ensamble furent bailliez à ceulz de Bruges et mis en prison[2]. Et les greigneurs de Bruges, avec les comunes des villes d’entour, excepté ceulz de la ville de Gant, eslurent à souverain seigneur monseigneur Robert de Flandres, anemi mortel du conte de Flandres, si comme il est dit dessus, lequel, quant il ot la seigneurie, mist hors le chancelier de la prison le conte de Flandres et l’onnora en tant comme il pot, car par lui, il estoit eschapé de mort, comme dessus est dit.

En ce temps que les choses aloient ainsi en Flandres, les habitans de la ville de Gant qui estoient de la partie du conte et non pas de celui que les bourgois de Bruges avoient esleu à seigneur, s’armerent et furent de guerre contre ceulz de Bruges pour ce que il avoient mis en prison le conte. Si se combatirent ensemble[3] et tant qu’il en y ot occis de ceulz de Bruges près de vc, et toutes voies ne fu pas le conte delivré ne mis hors de prison. Dont il avint que environ ce temps, le roy envoia messages sollempniex à Bruges en eulz admonnestant et priant qu’il vousissent deli-

  1. Jean de Flandre était fils de Guillaume de Flandre, deuxième fils de Gui de Dampierre et d’Alix de Clermont, dame de Nesle (P. Anselme, Hist. généal., t. II, p. 742 à 744).
  2. Louis II fut pris le 2 mai 1325 (Ibid., p. 744).
  3. Ce combat entre les Gantois et les habitants de Bruges fut livré le 15 juillet 1325 (de Smet, Corpus chronicorum Flandriæ, t. I, p. 195. On donne par erreur 1326).