Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/43

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(20)

les vents toujours déchaînés contre nous, nous contrarierent de nouveau, & nous retinrent au milieu d’une mer agitée contre laquelle nous combattions, privés de l’eſpoir de prendre port nulle part, & attendant le moment où l’océan ouvriroit ſes abîmes pour nous engloutir.

J’ai fait pluſieurs voyages dans ma vie, je ne me ſouviens pas d’en avoir fait où j’aie tant ſouffert, & où la fortune m’ait été aussi contraire, jamais le ciel & la mer ne ſe ſont réunis avec plus de fureur & de confiance pour tourmenter de malheureux voyageurs. Nous ſentions enfin qu’il étoit impoſſible de ſauver notre bâtiment & nos effets ; la conservation même de notre vie de-