Page:Viaud - Naufrage et aventures de M. Pierre Viaud.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
(73)

point ; nous étions accablés de fatigue, épuiſés par la mauvaiſe nourriture que nous prenions en très-petite quantité ; nous étions déjà ſans forces, & presſque incapables de pouvoir ramer. Cet état cruel fit ſur moi une impreſſion qu’il n’avoit pas encore fait ; l’excès du malheur échauffa mon sang, aigrit mon caractère ; je ne vis dans Antonio qu’un ſcélérat adroit qui vouloit abuſer de notre infortune, & nous faire périr inſenſiblement. Ces réflexions m’agitoient au milieu de la nuit, & me tenoient réveillé auprès d’un grand feu que nous avions allumé, & autour duquel dormoient mes compagnons. J’appelai M. Deſclau & M. Lacouture ; je leur fis part des idées ſiniſtres qui m’occu-