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s’agissait de voir enterrer vivants deux prêtres, deux youdhis qui, au bout d’un mois, seraient retirés… encore en vie.

Le jour dit, leurs compagnons les endormirent, avec les passes magnétiques ordinaires, puis on les descendit dans deux cercueils, au fond de deux tombeaux, on remit la pierre dessus, on la scella, on la recouvrit d’un pied de terre : on y ensemença du blé que l’on arrosait tous les jours religieusement, c’est bien le cas de le dire, et, au bout d’un mois, jour pour jour on fauchait le blé, jaune et doré à point, on enlevait la terre, on levait la pierre du tombeau, on retirait les deux youdhis de leur cercueil et après les avoir mis sur une table, tout nus et frictionné énergiquement sur tout le corps avec des huiles parfumées et des aromates, le grand chef religieux commençait la traction rhythmique de la langue des deux endormis, l’un après l’autre, avec accompagnement d’une étrange mélopée et, au bout de vingt-deux à vingt-trois minutes, les bons ÿoudhis rouvraient les yeux lentement et revenaient petit à petit à la vie. Un grand miracle religieux venait de s’accomplir dans les Indes et toutes les populations, délirantes de fanatisme et ivres de joie, s’en allaient répandre la bonne nouvelle par les rues de la ville, par les routes, par les villages voisins, et jusque dans l’intérieur des montagnes de l’Himalaya, avec la rapidité de la foudre.

Six mois plus tard, je me trouvais invité par un autre prince Indien à une cérémonie du même genre et cette fois je m’empressai de m’y rendre, accompagné d’un camarade à moi, de France, qui avait