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iii

Il y avait une place et même plusieurs, si je ne m’abuse, libres dans la section d’histoire générale et de philosophie de l’Académie des Sciences Morales et Politiques, et je me décidai à poser ma candidature ; ayant publié une vingtaine de volumes au moins dans ma vie et en ayant écrit la valeur de plus de deux cents dans la presse, j’avoue que je me croyais modestement quelques titres.

Naturellement, je fis les visites traditionnelles, sinon obligatoires ; la plupart des membres de la docte assemblée me reçurent avec la courtoisie aimable et froide de sphynx qui ont l’intention d’émotionner les âmes timides, mais certains, moins maîtres d’eux, ne purent cacher leur surprise :

— Mais, Monsieur, vous n’êtes point philosophe. Historien, peut-être, mais point philosophe du tout.

J’avoue, qu’à mon tour, je ne pus dissimuler ma profonde stupéfaction.

— Comment, pas philosophe pour dix centimes — je ne dis pas deux sous, par respect pour le système métrique, qui est une des gloires de mon pays — mais, je ne suis que cela, et il me semble, mon cher futur