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D’autres gens vivront, riront, s’aimeront… Est-ce étrange qu’on puisse rire, s’amuser, être joyeux sous cette certitude éternelle de la mort ! »

« Jamais un être ne revient. Il en naîtrait des millions et des milliards à peu près pareils, avec des yeux, un nez, une bouche, un crâne, et dedans une pensée, sans que jamais celui-là reparût qui était couché dans ce lit… C’était fini pour lui, fini pour toujours. Une vie ! Quelques jours et puis plus rien !… Et pourtant chacun porte en soi le désir furieux et irréalisable de l’éternité, chacun est une sorte d’univers dans l’univers et chacun s’anéantit bientôt complètement dans le fumier des germes nouveaux. Les plantes, les bêtes, les hommes, les étoiles, les mondes, tout s’anime, puis meurt pour se transformer. Et jamais un être ne revient ensuite, homme ou planète ! »

Ainsi s’exprimait-il tragiquement dans Bel Ami. C’est l’éternelle histoire de tous les gens de lettres, de tous les penseurs qui ont toujours le désir de se survivre et j’ai pensé que je ne saurais faire ma propre confession avec une sincérité aussi persuasive et aussi empoignante…

Encore un mot : C’est au public aussi