Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/92

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La coiffe sied encore à ses beaux cheveux blancs,
Et dès que la fleur d’or apparaît sur la lande,
Quand un vent de printemps souffle sur la mer grande,
Elle aime à retrouver quelque lai d’autrefois.
Un charme de jeunesse est resté dans sa voix.
Qu’elle évoque saint Yve ou la Vierge Marie,
Qu’elle dise l’horreur de la vague en furie
Ou l’amour, pur et bleu comme le firmament,
On sourit à l’entendre, et rien n’est plus charmant
Que ce rai de lumière aux lèvres de l’aïeule
Que réclame le soir et qui va rester seule.

II


Un pré vert qui reluit dans l’aube transparente,
Un moulin qui tictaque au bord de l’eau courante,
Des fleurs, des fleurs, des fleurs au milieu du cresson,
Et toujours et partout l’idéale chanson,
Puis de petits moutons qui broutent l’herbe drue,
Des enfants piaillant, très sales, dans la rue,
Une nature agreste et sans grand tra la la,
Et je me dis : « Où diable ai-je vu tout cela ? »
Je connais le berger, je connais la bergère.
L’épicière du coin ne m’est pas étrangère.
Le facteur me salue. Il est de mes amis
Et me demande à boire ainsi qu’il est permis