Page:Vicaire - Au pays des ajoncs, 1901.djvu/93

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J’aime ces bonnes gens. Ils sont bien de ma race.
Ici rien ne me pèse et rien ne m’embarrasse.
On ne m’accueille pas d’un sourire moqueur.
Même le gris pays est tout près de mon cœur.
À je ne sais quel air, dirais-je, de tendresse
Il m’a semblé revoir encor ma douce Bresse.

III


La mer est bleue et le ciel bleu. Rien que du bleu.
C’est la délicieuse paix du Seigneur Dieu,
La plage rêve. A peine on entend son haleine.
La colline s’endort sans y songer. La plaine
Frissonne doucement au souffle du matin.
Partout la bonne odeur, la fraîche odeur du thym.
Bêtes et gens ont dans les yeux une lumière.
Un grand calme s’est fait au cœur de la chaumière,
Et le marin va boire avec le moissonneur.
C’est la divine paix, c’est presque du bonheur,
Bonsoir au vent mauvais, à la vague méchante.
Seul, au-dessus des genêts d’or, un oiseau chante.

IV


Mais la mer est mauvaise aussi, mauvaise en diable.
Oh ! sa voix rauque au fond de la conque effroyable !
C’est la folle, aux yeux convulsés, aux cris stridents.